Exposition de photographies du bestiaire sculpté de l’église Sainte-Croix de Provins, organisée par « Sainte-Croix Renaissance »
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Le bestiaire de l’église Sainte-Croix de Provins
Toute une faune inquiétante occupe, dans les espaces laissés libres par une végétation luxuriante, les chapiteaux du double collatéral nord de l’église Sainte-Croix (élevé autour de 1520). En découvrant tant de mâchoires affreusement endentées, d’yeux cruels, de corps écailleux, de langues fourchues, de queues crochues, on serait tenté de s’écrier « Quel zoo ! »
Et l’on ne peut que s’interroger en pensant qu’il y a quatre siècles, on installait cette ménagerie sous les voûtes d’une église consacrée tout de même au culte de la Sainte Croix. Relique infiniment précieuse retrouvée en l’an 326 à Jérusalem par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, grâce à une révélation faite par un certain Judah Kyriakos, rabbin devenu ensuite chrétien, celui-là même qui donne son nom, dans la ville haute de Provins, à la collégiale… Saint-Quiriace.
On a beau se persuader que toutes ces bêtes, en somme, sont là pour évoquer le péché dont il faut s’affranchir, ce à quoi la Croix, justement, nous aide, se rappeler que c’est là une tradition iconographique déjà abondamment illustrée par la sculpture romane… La surprise et, pour tout dire, le malaise persistent. D’autant qu’il ne s’agit plus ici d’une production du XIIe ou du XIIIe siècle. Ce décor est daté du début du XVIe, du siècle de la Renaissance française.
Voici, tout sinueux et désarticulé, un fauve cracheur de feu, à demi dragon et à demi chien. Autour d’un médaillon où un profil royal fait sans doute référence à François Ier, deux chimères montent la garde, qui évoquent irrésistiblement le symbole de la salamandre, le monstre qui vit dans le feu, largement repris par l’imagerie de ce roi. On quitte le bestiaire fabuleux avec un porc sauvage, se nourrissant de glands, représentation traditionnelle de la sensualité inspirée par le démon. On y retombe avec cet affrontement de deux vouivres étroitement enlacées qui, dans le contexte provinois, ne peuvent pas ne pas rappeler la légende du Dragon et de la Lézarde et les deux mannequins portés au bout d’une perche que l’on faisait se colleter chaque année, à l’occasion des Rogations.
Les photographies de Michel Charlet, Denis Foussard et Patrick Privé qui seront présentées à l’hôtel de Savigny (ville haute) du 13 au 31 octobre et à la médiathèque Alain-Peyrefitte (ville basse) du 2 au 7 novembre font le tour de ce riche décor, l’une des curiosités de cette église pour la sauvegarde de laquelle agit depuis quarante ans le groupe des amis de Sainte-Croix devenu le collectif « Sainte-Croix Renaissance », organisateur de cette exposition.
Plan Général de L’église Sainte-Croix de Provins
Nomenclature des chapiteaux photographiés
Cliquez sur les chapiteaux (ou sur leur nom) pour accéder aux photographies.Petit portail (au nord du portail principal) et gargouilles
Vue d’ensemble :
Détails du portail et gargouilles :